Ostéopathie et marcheur

Le marcheur et ses besoins vue par l’ostéopathie

Qu’il soit promeneur, randonneur , marcheur dynamique (ex: marche nordique) ou encore qu’il se mette à courir sur de longue distance comme le marathonien; le marcheur a besoin d’un bon pied et d’un système de propulsion efficace selon ses besoins.

Nous allons évoquer le traitement ostéopathique adapté au marcheur pour qu’il supporte mieux ses chaussures, sa posture et les efforts prolongés.

Un promeneur sollicite moins son système cardio respiratoire et présentera le plus souvent des limites à cause de l’âge ou d’une hygiène de vie moins favorable.

Le randonneur sollicite les muscles et le cardio un peu plus mais pourra ajuster sa cadence sans soucis. Il est dans la recherche de l’équilibre entre les deux. Comme celui qui veut avancer longtemps sur le chemin de Saint-Jacques de Compsotelle par exemple.

Le marcheur dynamique va solliciter davantage le cardio sur une période donnée. Il y a déjà là l’idée de « forcer » sur le naturel dans l’esprit sportif. Cela demande une bonne santé générale.

Le pied

Le pied cumule souplesse, resistance, mobilité. Il supporte le poid du corps tout en gardant une grande flexibilité.

Le pied anatomie

Chaque os du pied a une forme particulière et participe à donner au pied ses capacités exceptionnelles. Je pense au talus, calcaneum, naviculaire, cuboïde, tibia et péroné, les os sésamoides.

Chaque os est attaché aux autres os adjacents, offrant des lignes de forces par lesquelles l’energie reçue se répartit. Les tendons des muscles participent aussi au maintient de cet édifice.

La voûte du pied

La voûte du pied explique en partie ses capacités de résistance. Pourtant même lorsque le pied présente des diversités il reste efficace. La voûte peut être plus ou moins creuse ou plate et le reste du corps s’étant développé avec, en même temps, de manière naturelle, on peut dire que la forme de notre pied correspond à la forme de notre colonne et inversement. (En dehors des traumatismes déformant).

Mon regard sur les formes variées est neutre, je pense qu’il faut considérer l’ensemble du corps avant de s’alarmer sur une certaine asymétrie ou déformation. Je n’hésite pas à recommander les podologues pour beaucoup de problématiques de pied. Les semelles apportent un confort ou même la solution à un problème. C’est pourquoi les séances de podologie et d’ostéopathie vont souvent de pair.

Les semelles peuvent être de type orthopédique ou de type posturale/reflexologique. Je trouve interessant de la différence entre l’approche orthopédique et posturale. Elles sont complémentaire mais le patient répondra mieux à l’une ou l’autre approche. J’y vois une ressemblance avec l’ostéopathie qui a des méthodes plus douces que d’autres et elles sont toutes bonnes mais le patient répond mieux à l’une ou l’autre.

Pour en savoir plus sur les différence entre semelle orthopédique et posturale cliquez ici.

Dans tous les cas, l’os naviculaire occupe une place centrale dans la voûte du pied et dans la transmission des contraintes. Nous reviendrons dessus lors du traitement.

Lorsque le pied souffre, le marcheur est immediatement perturbée ou empéchée, par exemple l’épine calcanéenne ou la tendinite du tendon d’Achille. (voir Article Tendinite de Vincent Marcon Ostéopathe à Paris)

Pour aller plus loin dans l’anatomie du pied:

Le genou et la hanche, la mécanique bien huilée

En commencant notre parcours du pied nous remontons vers le genou puis la hanche et on peut comprendre directement le lien de stabilité qui existe entre eux. Avec une mauvaise chaussure, une ampoule au pied ou un cor douloureux, on percoit rapidement la mise en place d’adaptation dans le membre inférieur et la répercussion au reste du corps. Le pied peut donc transmettre des déséquilibres importants, nous y reviendrons lors du traitement.

Nous pouvons aussi commencer notre parcours depuis les lombaires, où siège la naissance des bourgeons embryologiques des membres inférieurs. Les nerfs et vaisseaux qui vont alimenter les jambes et leur donner la force necessaire pour grandir et pour réaliser le mouvement.

Je vois souvent chez les personnes très agées des problèmes de gonflements de jambe ou des positions de dos un peu vouté qui rendent parfois la marche douloureuse. Pour une partie d’entre eux, c’est lié à des tensions du diaphragme. Lorsque c’est le cas, ces dernières ralentissent la circulation lymphatique qui est déjà affaiblie par l’âge et le manque d’activité. Lorsqu’on relâche ces tensions et que la circulation gagne un petit peu, cela peut suffir à rendre la position du pied au sol plus confortable et améliorer la marche. En plus d’aider le dos à se redresser légèrement sans effort.

Pour les patients plus jeunes autour de la 60ene, je retrouve plus souvent des problématiques autour de la hanche. Ces problèmes peuvent devenir un frein à la marche rapide. Les causes sont souvent multiples avec des mauvais gestes, je pense aux tâches ménagères, à déplacer des gros pots de fleurs ou encore porter les petits-enfants qui bougent dans les bras.

Ce que je peux dire en générale c’est que c’est un âge où la force et la stabilité varie un peu à la baisse et que l’esprit des personnes est encore habitué à leur potentiel maximal et donc ils vont commencer à dépasser la vitesse de réaction du corps en allant trop vite, ou en chargeant trop, en pivotant autour de la hanche sans préter attention et parfois commence les petits spasmes musclaires ou petite irritation à ce niveau là.

Les capteurs sensoriels de positionnement du corps dans l’espace peuvent être perturbés n’importe où, c’est pourquoi il est utile de travailler, lors des traitements, l’ensemble du membre.

Les lombaires, la force de propulsion

La force du mouvement prend son origine au centre du ventre , soit la colonne lombaire; dans des disciplines sportives ils parlent de « noyau ». Dans la marche douce la question ne se pose pas tellement et la respiration reste tranquille; l’ensemble du corps musculaire et métabolique sont facilement en équilibre. (sauf maladie)

En revanche si on veut augmenter sa cadence, (ou s’il y a une faiblesse coeur/poumon pour les personnes plus agées) on peut découvrir de nouvelles limites qui viendraient de ce noyau. Dans ce cas la reflexion se portera en plus, sur le haut du corps avec les fonctions digestives et respiratoires et les bons gestes au quotidien.

La respiration est l’un des éléments majeurs pour marcher longtemps. Le muscle de la respiration s’attache sur les lombaires (entre autre). C’est une région du corps à travailler en ostéopathie. Sans une bonne oxygénation les muscles deviendront plus tendu et douloureux. Idéalement il est souhaitable que la respiration soit naturelle, c’est à dire de ne pas interférer. Pour autant, lorsqu’il y a des faiblesses ou maladie, le fait d’ajouter un peu de concentration sur ces fonctions permet de retrouver une meilleure aptitude à la marche. Par exemple coordonner la respiration à la marche lors de l’activité.

Pour aller plus loin sur la respiration lors de la marche vous pouvez vous intéresser à la marche Afghane avec Alptis. Il s’agit de coordonner la marche et la respiration.

Choisir son club de randonnée

Sur le site de randonnée France vous pouvez selectionner le type de marche que vous souhaitez et il vous proposera des clubs qui ont des orientations par rapport à la dynamique de marche.

Site Fédération Française de la Randonnée

Marche et respiration

Lors d’une promenade sans forcer, les fonctions du corps sont en équilibres. Lorsque l’on souhaite augmenter la cadence et ajouter de l’effort les fonctions du corps vont modifier leurs rythmes.

Le volume de sang transporté par minutes; le taux de co2 rejetté, la demande en oxygène augmente, le coeur accélère la vitesse de ses battements, les bras balancent plus vite, le regard se porte plus à l’horizon et recrute davantage les muscles du dos… etc..

Dans ces nouvelles conditions la question à se poser est « est-ce que mon corps tient la cadence?« . Si vous ne ressentez pas de gêne ni de limites sur la durée c’est que vous avez trouvé l’équilibre sur ce nouveau rythme, bravo.

A l’inverse, si votre corps ne tient pas la cadence, rapidement, c’est qu’il n’arrive pas a tenir l’équilibre de toutes ses fonctions à cette cadence. Selon ce que vous ressentez cela peut nous aiguiller. Est-ce des points de côtés; un manque de souffle; serrage de gorge; sensation de compression dans le thorax; difficulté à tenir le dos droit; douleur musculaire; instabilité.

Dans ce cas il est nécessaire de chercher la cause avant de réaliser le traitement spécial du marcheur.

Lorsque le corps est malade, avec des problème d’obstruction pulmonaire chronique, il est possible de mettre en place des pratiques pour aider la respiration et gagner un peu de confort sur la marche et la tolérance à l’effort. Exemple d’une étude pour mesurer les effets d’exercices respiratoires sur des patients atteint de maladie pulmonaire obestructive chronique dont le paramètre de mesure est la marche. Lien de l’étude.

L’état d’esprit de la marche et du marcheur

Ce paragraphe vise a soulever plus de questions que d’y répondre.

Dans quel état d’esprit je marche?

C’est une question qui peut surprendre et qui est riche de reflexions en même temps. Il m’est arrivé de contaster que des patients qui marchaient tous les jours pour aller au travail, en passant par les métros parisiens, avaient leur « quota » de temps de marche conseillé mais qu’au niveau de la santé les bénéfices n’étaient pas là.

L’environnement, le bruit, la pollution, le stress, et l’état d’esprit à ce moment là.

Au premier abord je me disais que ces deux notions étaient distinctes, mais quelque part, notre environnement nous affecte, en nous alourdissant ou au contraire en nous allégant. Je peux faire un parallèle entre l’état d’esprit et l’environnement dans lequel nous marchons.

Qu’est ce qui initie la marche?

Par quelle volonté je me suis mis en route. Par exemple pour le travail, c’est la nécessité du métier et les engagements pris.

Qu’en est-il de la marche de promenade, de randonnée, de marche nordique ou encore de se lancer sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle?

La question de départ, la motivation de départ, le but recherché, entraine les systèmes du corps avec plus ou moins de force et de détermination. Lorsque l’on est heureux de notre marche, le mieux me semble de continuer ainsi, en revanche s’il y a une difficulté persistante et que les causes mécaniques du corps ont déjà été déterminées, il peut-être intéressant de s’interroger de cette façon pour voir des aspects dans notre marche ou la façon dont on s’y prend qui ne nous correspondent plus et qui nous fait forcer « la marche ».

Traitement ostéopathique du marcheur

Ce que j’appelle le traitement spécial, c’est un travail qui peut se faire chez à peu près tous les patients en bonne santé qui présentent ou non de légères gènes. Si le patient présente une moins bonne santé, il faudra traiter en amont les problèmes plus importants.

Voyons deux cas de figures:

Le marcheur en bonne santé qui présente éventuellement quelques désagréments dans sa marche.

Dans ce premier cas, le traitement spécial pour la marche se réalise rapidement en une ou deux séances. On peut se permettre l’analogie au mécanicien qui rééquilibre les pneus. Cela est rapide et apporte un confort, en plus d’éviter certains efforts dans l’avenir.

Le traitement consistera à équilibrer la voûte du pied, en prenant en compte l’os naviculaire comme point pivot. Lorsque les tensions s’exerçant sur ce dernier seront equilibrées depuis toutes les directions, cela signera la réussite du traitement. Le genou, la hanche et les lombaires seront également amenés dans leur position de repos pour détendre et relacher les tensions musculaires; Le tout jusqu’au diaphragme.

Quelques grands étirements enfin permettront de travailler sur ce qu’on appelle les chaines musculaires.

Au début de chaque séance je prends un temps d’environ 10minutes minimum durant lequel je pose les mains sur la personne sans exercer de pression. Je ressens ce qui vient naturellement par les sensations de mes mains. Par cette action d’attente, le corps de la personne a eu le temps de se détendre un peu et par les sensations reçues j’ai une meilleure compréhension de la situation.

Le marcheur rendu incapable de reprendre son activité à cause d’un problème important.

Dans ce second cas, s’il présente une moins bonne santé ou des symptômes, il faudra vérifier la partie haute du corps, qui alimente le membre inférieur; On parlera de traitement d’ostéopathie habituel avec une rechercher des causes pouvant nous amener à considérer tout une série de traumatismes, micro traumatismes, hygiène de vie. Le rétablissement sera certainement plus long et accompagné d’autres prises en charges avec le médecin, kinésithérapeute et autres spécialistes.

Conslusion

Pour le marcheur ou le randonneur, il est essentiel d’être bien dans ses jambes afin de mieux supporter l’effort et d’éviter de forcer à l’avenir sur des points du corps.

Le rééquilibrage du marcheur permet de redonner rapidement du confort.

Le traitement spécial du marcheur se fait de temps en temps ou après des coups comme marcher dans un trou, chuter, se cogner fortement contre un obstacle, suite à une forte toux (ça coince le muscle diaphragme).

Pour aller plus loin pourquoi consulter sans symptômes.

Ouverture

Dans mon exercice j’ai été confronté à l’avancement en âge des patients qui diminue lentement les fonctions du corps et parfois brutalement à cause de la maladie. Si bien que des patients qui étaient des marcheurs passionnées par la nature se retrouvaient malgré eux, incapable de continuer.

La nature offre de telles impressions nourrissantes que c’est une peine de ne plus pouvoir y accéder.

Là où j’ai l’espoir de pouvoir être touché par ces impressions de nature, alors que l’on est éloigné physiquement d’elle, c’est dans l’Art des peintres qui ont choisi la nature comme motif.

J’habite à Melun, près de la forêt de Fontainebleau, qui est une forêt remarquable pour beaucoup d’aspects. Il y a quelques années déjà j’ai connu un artiste natif de Fontainebleau qui est devenu un ami. Récemment j’ai pu acquérir un tableau.

Lorsque je passe du temps devant ce tableau, comme je passe du temps au début de chaque séance devant un patient, regarder la vue d’ensembe, sans chercher à interprêter ni saisir les nuances. Il se passe une chose étonnante. Des impressions surgissent du tableau, en moi, et je retrouve durant quelques instants une vie de la forêt, de la nature, du vent.

Devant ce tableau, je peux voyager de nouveau et retrouver les impressions connues dans la Nature.