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En quoi consiste la gymnastique sensorielle ?
Entretien avec Araksi Garabetyan, Praticienne en pédagogie perceptive.
La gymnastique sensorielle, outil thérapeutique
La gymnastique sensorielle est l’un des outils de la somato-psychopédagogie (En plus du toucher, de l’introspection sensorielle et de la verbalisation avec un thérapeute).
La méthode a été développé par Danis Bois, Ostéopathe et Kinésithérapeute. Elle fait le lien entre le corps et l’esprit et invite à ressentir et discerner les effets du corps sur la pensée et inversement.
Mieux conscient de ces interactions, l’action dans la vie et la prise de recul est facilité. Le suivi en pédagogie perceptive propose de vous aider dans la découverte, le déploiement et l’ancrage du corps, mais aussi dans vos pensées, et jusque dans votre « posture relationnelle aux autres ». Sur un plan moteur, la gymnastique sensorielle restaure les mouvements perturbés, développe la coordination et l’équilibre. Cette éducation au mouvement peut être très bénéfique chez les enfants.
Une personne qui travaille à mieux percevoir son corps développe une connaissance qui rejoins celle des Ostéopathe lors des séances. Ainsi quelqu’un ayant développé sa perception du corps ressentira d’autant plus l’action de l’ostéopathe. Nous sommes alors dans un dialogue, à travers le corps, utilisant le même « langage ». Bien que la perception du patient lors de la séance d’ostéopathie ne soit pas indispensable, elle est toujours très apprécié par le patient comme pour le professionnel car elle confirme notre travail. Les pratiquants de la gymnastique sensorielle ont souvent de meilleurs résultats lors des consultations.
Les mouvements de la gymnastique sensorielle
La gymnastique sensorielle est souvent le premier atelier auquel vous participerez. Si vous venez d’une pratique de Qi gong, Shiat-su ou Yoga vous rencontrerez rapidement les différences qui font la particularité de cette gymnastique. C’est une pratique de mouvements spécifiques qui respectent les articulations. Les mouvements sont pratiqués dans une lenteur qui rend possible la perception et les effets du mouvement ; il vous devient alors possible de sentir les tensions se délier. L’action sur les muscles posturaux aide à retrouver une plus grande stabilité.
Lors des pratiques vous êtes à la fois acteur du mouvement et observateur des effets.
Autonomie
Avec une pratique régulière de la gymnastique sensorielle, vous intégrez petit à petit la connaissance d’une gestuelle plus naturelle et adaptée à vous. Elle prend compte de vos possibilités, de votre tonus, de votre espace. C’est une magnifique manière de développer un nouveau rapport à l’action dans les séances puis dans votre quotidien.
Vous pouvez pratiquer la gymnastique sensorielle chez vous et ainsi prolonger les bienfaits d’une séance individuelle ou collective.
Entretien avec Araksi Garabetyan
Qui peut participer à tes séances de gym?
Toute personne en recherche d’une activité douce et ressourçante qui permet :
– de relancer la vitalité et de maintenir ou retrouver fluidité et souplesse dans son corps.
– de mieux appréhender et gérer les états de stress, de fatigue ou de déprime passagère.
– de soulager les tensions excessives, les douleurs physiques, apaiser le mental (ça peut aller de la personne qui a du mal à dormir, à celle qui est en galère dans sa vie perso et qui a besoin de prendre du recul, idem dans la vie pro …toutes les situations de vie qui exigent de se positionner)
– d’améliorer la coordination, l’équilibre, l’attention, la concentration et la mémoire
– de récupérer après un effort soutenu chez le sportif
– d’accéder à un état de confiance et à une meilleure connaissance de soi
peut pratiquer de la gymnastique sensorielle et participer à mes séances.
Combien de participants peux-tu recevoir?
Pour avoir un cours de qualité, un maximum de 15 personnes est possible.
Faut-il être dans une démarche d’introspection pour faire cette gym sensorielle?
La gymnastique sensorielle amène vers l’état d’introspection ; donc pas d’obligation d’y être forcément déjà avant ou d’être dans cette démarche. La personne qui n’est pas dans cette dimension va quand même trouver un lieu de ressourcement. Je pense qu’il faut que la personne essaie pour se rendre compte. L’idée étant de trouver des moyens concrets de s’auto accompagner pour mobiliser son potentiel et enrichir ses comportements à mettre au service de son quotidien, ses besoins, et parfois (je dirai même surtout) des moments délicats voire inconfortable de sa vie.
As tu quelques anecdotes sur ce que des gens t’ont dit après des séances?
Le plus souvent, même les plus débutants, repartent avec une sensation de détente et d’apaisement. C’est ce qui revient le plus. Certains me disent se sentir plus réveiller, davantage de vitalité, davantage présent. Certains disent se sentir plus confiants, plus ancrés, plus stables.
Pour ceux et celles qui arrivent avec des douleurs, elle repartent sans ou avec un atténuation ou font des liens avec l’installation progressive de la douleur etc
Un exemple d’une personne que tu as vu évoluer au fil des séances.
Exemple de personnes qui viennent aux cours hebdomadaires
En réalité tout le monde évolue. Mais le plus important c’est que la personne s’en rende compte. Et parfois ce n’est pas le cas.
L’exemple le plus concret dernièrement, c’est une personne qui dit toujours ne rien sentir, si ce n’est qu’elle se sent bien après les séances. Elle a du mal à se valider dans sa perception.
L’autre jour en discutant, elle me dit de façon informelle, combien elle change dans ses relations amicales, sa communication et dans ses choix dans sa vie (je ne rentrerai pas dans les détails car trop perso). Pour te dire, c’est une personne que je connais depuis longtemps qui est plutôt dans la dévotion à l’autre. Et avec son partage, j’ai découvert combien elle se postionnait davantage dans ses rapports familiaux et amicaux. Je l’ai senti davantage déterminée dans ses choix et plus claire dans sa présence.
Une autre personne qui a la maladie de parkinson, qui n’est pas du tout dans une dimension de recherche personnelle. Sa recherche à elle c’est plutôt de se soulager car elle a son côté droit très affaiblie par la raideur qu’entraine la pathologie (son bras droit, très atteint, ne monte plus). En fin de séance, elle dit se sentir plus mobile, plus souple. Dire aussi que les séances l’apaisent voire lui font lâcher des tensions profondes. Parfois elle est sur le point de s’endormir. Ca lui déclenche aussi des nausées parfois parce que son corps réagit beaucoup. Mais elle dit qu’elle se sent fatiguée mais bien toute la journée et les jours qui suivent.
Exemple d’une personne qui vient seulement en stage codifié ou thématique
Sans que je ne lui dise rien sur les fondements et les possibles de la méthode, elle a fait le lien entre une décision dans sa vie perso et la rencontre avec la pratique (quitter son conjoint pour des raisons que je ne citerai pas pour des questions de confidentialité)
Au départ elle est venue, envoyée par une ostéopathe, à cause de douleurs de dos au niveau des lombaires et une immobilité très profonde et très installée. La pratique de la gymnastique sensorielle lui a permis de retrouver de façon relative plus d’amplitude ; à chaque fois qu’elle accédait à plus de « souplesse », elle pleurait sans comprendre la raison de son état (je lui expliquais que c’était le dégel des zone bloquée en fait). Cette mobilité lui a ouvert suffisamment d’espace intérieur pour prendre des décisions et donner une autre orientation dans sa vie (je reconnais que j’étais bluffée quand même des liens qu’elle a fait sans information de ma part)
Elle continue à aller voir son ostéopathe et elle est ravie de la complémentarité. Aucune confusion dans sa tête entre les deux propositions.
Dans tes cours de gym quelle est ta priorité vis à vis de l’élève ?
Si je devais choisir un mot, ce serait autonomie ; bien sûr avec beaucoup d’entrainement et de persévérance car la discipline est exigeante dans la douceur et le lenteur mais avec une répétition nécessaire pour s’approprier le protocole et accéder au processus que cela enclenche en soi.
Ma priorité à moi c’est de lui donner accès à un enrichissement perceptif pour qu’il puisse élargir son regard sur son corps, sur lui, sur les marges de manoeuvre auxquelles il peut accéder pour gérer les événements d’un quotidien parfois complexe (même si pas de problème particulier). Je ne donne pas toujours ces infos en l’état bien sûr. Mais je suis toujours habiter par ça quand même.
C’est lui permettre d’expérimenter les mouvements et d’en voir les effets ; c’est améliorer sa présence (je ne donne pas de réponse ; j’accompagne la personne dans sa posture d’auto évaluation (ex : si la personne sent davantage ses pieds je vais lui demander si ça lui fait du bien et qu’est ce que ça change pour elle ou si elle se dit se sentir plus fluide idem toujours essayer d’associer son état corporel avec son état global (pensées, comparer son état en arrivant et à la fin ; quel est le gain ?)
Un dernier mot ?
Ce qui m’anime dans ma pratique de la gymnastique sensorielle, c’est les moyens qui nous permettent de nous remettre en mouvement dans notre potentiel , à travers une gestuelle organisée et précise, ; ces parts de nous entre parenthèse par protection qui se remettent en vie grâce à la pratique (tous les outils, pas que la GS) et nous enrichissent dans nos comportements, élargissent notre regard sur nos croyances et notre histoire (parfois) et nous rendent responsables et autonomes. Long processus pour celui qui s’y en engage : engagement est une orientation pédagogique importante pour moi également- comment un geste qui s’engage dans les espaces, crée une présence globale et authentique..
A partir de mon expertise actuelle, je peux dire que chaque participant se transforme profondément et en douceur. Pas la peine de faire du forcing. Mon boulot c’est d’être un point d’appui pour que cela se fasse dans le plus grand respect du besoin et de la demande de la personne !
Merci Araksi
Retrouvez plus d’informations sur son site Araksi Garabetyan